8 Mars 2009
Une petite jeune fille est couchée par terre sur la place du village…entourée d'hommes, de femmes, d'enfants… et de journalistes venus de loin pour couvrir l'événement.
Cette jeune femme est accusée du crime ultime…le déshonneur de la famille…cette famille qui veut laver publiquement et par le sang cette offense.
On fait circuler un portable avec les images du déshonneur…les gens indignés commencent à lui donner des coups de pieds, lui lancer des pierres, la flageller, la piétiner, sous les regards de centaine de personnes…et des caméras.
Après des heures de souffrance et d'agonie…son père s'avance portant une grosse pierre…d'un air victorieux, il s'approche de la jeune fille ensanglantée et lui écrase cette pierre sur la tête pour l'achever…ainsi finit la vie d'une jeune femme de 15 ans…violée, accusée et tuée… par son père !
Pas une voix ne se lève pour protester…pas un geste pour protéger cette jeune fille, la sauver…pas un regard indigné devant cette torture, ce massacre en direct…les caméras ont tout filmé, transmis…le père incestueux rentrera chez lui avec le sentiment du devoir accompli…les spectateurs de l'horreur sont restés sans états d'âme…
Cela ne se passe pas ici, mais maintenant…
Depuis quelques jours, on entends à nouveau parler de la journée de la femme...ce jour là, certaines personnes se rendent compte que plus de la moitié de l'humanité existe...
On ressort le féminisme et on dépoussière certains slogans qui font jolis sur des banderoles.. qui finiront roulés dans un coin jusqu'à la prochaine occasion...
Journée de la femme… la vie des femmes, mise à l'ombre 364 jours par an, sera à nouveau disséquée, discourue, discutée, le temps d'une journée...comme le sont les événements d'actualité, les faits divers...
On parlera de discrimination, de dysfonctionnement, de disparité, on s'indignera, on s'enflammera, on s'apitoiera sur le sort des femmes, les femme-enfant, femme-mère, femme-travailleuse, femme-épouse, sans oublier la femme-objet, la femme-esclave, les femmes exploitées, opprimées, harcelées, violées, battues, tuées…
On n'oubliera pas de rappeler les droits élémentaires des femmes, droit à la vie, à l'éducation, à la santé, à la protection, à la liberté, à l'égalité, à….
On rendra hommage à la femme courage qui subit, endure, se bat, survit…dans des conditions extrêmes de pauvreté, de guerre, de torture, de misère, d'oppression…mais on oubliera de parler de l'oubli…
Oui car le 8 mars au soir, les lumières des projecteurs vont s'éteindre, s'orienter vers d'autres actualités, les discours, projets, promesses seront oubliés…pendant 364 jours…
Ce soir là…le corps de la jeune fille sera abandonné sur la place du village désertée….